La vie des dunnocks

Récit quotidien de la vie d'un cocheur...

Pris près de Coober Pedy


Même après s'être fait dépouiller par un kangourou, le photographe se doit de rester concentré sur son sujet.


Attention quand même, il y en a qui ont eu des points de suture comme ça.



31/12/2009
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Quelques nouvelles de l'Australie profonde.

Dunnocks, dunnockes

Je vous écris en ce jour saint pour vous dire que ça y est, je me suis installé en Australie. J'ai ouvert une librairie spécialisée dans les guides naturalistes et tout ce qui touche à l'environnement. Et j'aime toucher à l'environnement, d'ailleurs cela me fait penser qu'il faut que je mette ce kangourou à la poubelle, au bout de trois jours, ça commence à sentir et puis un lit, c'est fait pour dormir.

Mais voilà, la concurrence est rude et mes adversaires ne m'ont laissé aucune chance. Il a donc fallu que je change de domaine. Je n'ai pas trop eu de mal à trouver …

 

Sinon, un petit clin d'œil à notre ami Julien Présent, qui, s'il vient un jour dans ce beau pays - et Dieu me tripote – ne pourra prendre avec lui ça célèbre Peugeot Steve 206 Austin, la voiture qui valait 3 milliards. En effet, la B.A.C. est déjà avertie et ouvre l'œil.

Re-sinon, si vous voulez voir des photos de bestioles de là-bas, allez sur mon blog, ici ça craint.

Bisous partout !

Eric


12/05/2009
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Témoignage

Les cocheurs sont des contemplatifs honteux !

            Il est toujours étrange de s'introduire, par la petite porte, dans un monde que l'on ne connaît pas. Tel est mon cas : je suis confrontée, de par mon travail, à de drôles de specimens : les ornithologues.

            J'ai ainsi appris qu'il existait plus de huit cents espèces d'oiseaux en Europe (en Paléarctique occidental, diront ceux qui tiennent mordicus à respecter une intransigeante rigueur scientifique), que certains passereaux ne se différencient qu'à la teinte de leur pattes et à la longueur de leurs ailes (de leur « projection primaire » diront les mêmes) ; j'ai appris ce que recouvraient exactement les vocables de « passereaux », « laridés », « limicoles » ; à différencier les oiseaux « hivernants » des « nicheurs » ; j'ai eu l'écho des batailles de classifications scientifiques ; j'ai navigué avec bonheur dans les noms d'oiseaux – pipit farlouse, avocette élégante, fuligule morillon, tichodrome échelette, chevalier gambette, vautour percnoptère... J'ai traîné mes guêtres et mes jumelles toutes neuves dans les marais et les zones boisées, à l'affût aux côtés d'ornithologues patients qui me délivraient quelques clés de leur monde (un grand merci leur soit ici rendu !).

            J'ai découvert ce qu'était une session de baguage, et ai à ces occasions pu observer de près une jeune chouette chevêche, une pie-grièche écorcheur, un martin-pêcheur, des hirondelles de rivage...

            J'ai assisté avec un étonnement amusé aux compétitions auxquelles se livraient les ornithologues chaque printemps : « J'ai vu ma première hirondelle de l'année lundi ! », « Et moi mon premier traquet motteux dimanche dernier ! ».

            J'apprenais un peu, je piochais dans tout cela des émotions et la joie de découvrir une nouvelle lecture du vivant, avec le réalisme toutefois de constater que tous ces passionnés étaient « tombés dedans » très jeunes, et que, malgré mon très honnête vécu de baroudeuse de la nature qui me permettait d'avoir quelques facilités d'observation, jamais je ne jouerai sur leur tableau.

            J'ai identifié plusieurs types d'ornithologues, non exclusifs les uns des autres : ceux que j'appelerais les ornitho « naturalistes » qui, toujours prêts à dégainer jumelles et longues-vues, observent les oiseaux dans leur milieu, déchiffrent leurs chants et leurs comportements. Viennent ensuite les « bagueurs », qui attrapent les oiseaux dans des filets et, pour les besoins de la cause scientifique, leur passent une bague à la patte. Enfin, il y a les « cocheurs ».

            « Cocher » signifie voir pour la première fois un oiseau que l'on n'a jamais rencontré, et en cocher le nom dans son guide ornitho. « Cocher » est donc une notion centrale dans le monde de l'ornithologie. Se dégagent, autour de cette notion, plusieurs philosophies. Certains se contentent de voir une fois l'oiseau en cause pour le cocher, d'autres attendent d'être sûrs, après plusieurs observations, de pouvoir le reconnaître seuls pour le cocher, d'autres enfin (ils sont rares !) ne tiennent pas de liste.

            Au début, la coche est un jeu facile : les espèces communément rencontrées sont nombreuses, et l'on peut en cocher plusieurs dizaines sans trop d'efforts. Ensuite, les choses se corsent : il y a les espèces exotiques, qu'il faut voyager pour voir, les espèces indigènes rares, et puis les espèces qui ne se rencontrent normalement pas dans une zone géographique donnée mais dont on peut observer, ponctuellement, de rares specimens, égarés loin de leur aire de répartition par le réchauffement climatique ou des vents insidieux (ces oiseaux-là sont nommés « gags » ou « surgags » -ne me demandez pas pourquoi). Lorsque cela advient, on peut alors assister à un curieux phénomène : une ruée d'ornithologues locaux (ou moins locaux !) qui se précipitent pour admirer le Bécasseau de Bonaparte ou la Mouette ivoire... et ajouter une coche à leur liste !

            Venons-en aux cocheurs proprement dits ; les purs et durs. Ceux-ci, parfois surnommés « sales cocheurs », ou « cocheurs fous » pour les plus « extrêmistes » d'entre eux, ne vivent que pour la coche. Ils sont capables d'avaler des milliers de kilomètres pour aller voir « The » bird, et tiennent plusieurs sortes de listes : la « life list », la « year list », la « French list », etc... A leur décharge, ce sont me semble-t-il marjoritairement de très bons ornithos.

            J'ai récemment rencontré un représentant distingué de cette caste et, le jeune homme ne fonctionnant pas en huis-clos sur sa passion, nous avons peu à peu lié connaissance.

            Alors que nous nous promenions un soir entre mer et marais, jumelles autour du cou, un vol d'aigrettes garzettes passa au-dessus de nos têtes, en un parfait contraste de blanc (pour le plumage) et de noir (pour le bec et les pattes). Je n'attrapai pas mes jumelles, profitant juste de la sérénité du moment, de la beauté de ce vol dans la lumière rase du couchant. Je me tournai alors vers mon compagnon de balade et lui demandai s'il parvenait encore à mettre de côté toutes ses connaissances scientifiques et son affût de l'oiseau rare, pour simplement regarder le spectacle que nous offrent la nature et les oiseaux.

            Sa réponse me laissa penser qu'il existait peut-être certaines passerelles entre le monde des cocheurs et celui des poètes : « Tu sais, me dit-il, nous autres cocheurs sommes en fin de compte des contemplatifs honteux... »


09/04/2009
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SLEEPIN' 'N' TWITCHIN'



L'évolution est un processus long et semé d'embûches. Elle a permis l'apparition d'êtres vivants ultra-spécialisés souvent endémiques d'une micro-zone géographique, d'autres, plus ubiquistes, sont répartis à travers tout le globe.

Dans son expérimentation de toutes les voies possibles et imaginables, il arrive qu'elle génère des "culs-de-sac évolutifs". Les exemples sont nombreux : la famille Bush, les pandas, les Ethiopiens, les rouquins ... nous nous arrêterons là car, à l'instar de la bite de Didier Sallé, la liste est trop longue pour être dressée.

Les Dunnocks ne sont pas épargnés par la folie expérimentatoire de Dame Evolution.

Citons rapidement le cas d'endémisme le plus connu de tous en la personne de Julien Présent. Cet individu, dont l'adaptation aux milieux extrêmes de la Touraine sauvage représente un cas d'école, est tellement spécialisé que ses capacités d'observation sont réduites à néant lorsqu'il est extrait de son biotope d'origine pour être introduit, l'espace de quelques jours par an, dans un milieu exotique comme l'île d'Oléron.

Cas extrême toujours, mais aux antipodes du précédent, citons l'ubiquiste Nidal Issa. Ce spécimen se caractérise par une hyper-adaptabilité à tous types de milieux. Ses capacités sensorielles sont si développées qu'il est capable de cocher les yeux fermés, ce qui lui vaut son nom vernaculaire de "The Mole". Ces capacités, très gourmandes en énergie, nécessitent un carburant biologique bien particulier. De ce fait, l'ingestion de grandes quantités de vin rouge est vitale pour cet individu. On dit alors que The Mole possède le don de Cubi-cuittée.

Pour finir, nous allons aborder le cas d'un individu très intéressant car unique et discret. La particularité de ce spécimen est l'incroyable lenteur de son métabolisme. En effet, le Lt A. Liger - car c'est de lui dont il s'agit - a besoin de nombreuses heures de sommeil pour survivre. Là encore, l'évolution s'est déchirée et ce "paresseux de la coche" possède un rythme physiologique si ralenti qu'il est capable de cocher en phase de sommeil profond !

En témoigne cette image prise au Moyen-Orient en plein trip ornitho, exercice vital chez les Dunnocks.


Le Lt Liger, un oeil qui pointe au nord, l'autre qui pointe au sud : l'adaptation ultime au suivi migratoire dans le WP. La langue sortie permet de déterminer le sens du vent.


Darwin doit se retourner dans sa tombe.


Eric



27/11/2008
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Souvenirs d'Ouessant 2008


Comme chaque année, Ouessant amène son lot de bons moments partagés, d'oiseaux rares et moins rares et de situations cocasses. Petit souvenir en image donc de ce twitch de la mi octobre, quand tout les ornithos présents sur l'île se retrouvèrent devant le champ de maïs de Ty Korn/Ar Ru à attendre que le Bruant rustique bien planqué à l'intérieur veuille bien daigner sortir. Au bout d'une bonne heure d'attente voire plus, deux volontaires ayant déjà la coche se sacrifièrent en pénétrant dans le dit champ pour permettre aux autres de cocher. Moment à risque ! la tension était à son comble...



Ouessant08

envoyé par thedarkmole

03/11/2008
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