Le Cher : l'autre pays du Dunnock, 2ème partie

Day 2 : Pignoler n'est pas Cocher, ou l'Anas de la discor(de)

 

En ce saint Dimanche de réjouissances politiques, c'est le cœur léger que chaque membre de notre team se rend dans son bureau de vote respectif, afin de soulager des envies pressentes de purge électorale. Pour ma part, il s'agit de mon ancienne école primaire, et, si le but de ma visite ne réjouie pas totalement l'homme féru de politique au rabais que je suis, la vision de ces bancs, préaux et bac à sables où je m'ébattais bambin me permet de garder le sourire (un peu crispé devant la machine à faire du boudin tout de même), et ce même en ces funestes circonstances 2007. Je ne m'étalerais pas sur les activités festives de la veille, dont nous portions tous les marques ce matin là (c'est d'ailleurs dans ces moments que l'homme passionné de boissons aromatisées au houblon, remercie le ciel de cette invention miraculeuse que constitue l'Alka-Seilzer ou tout autre pilule « à faire dégorger le cerveau »), mais le printemps de Bourges avait bien tenu ses promesses : Bières, Babons. Ah ? J'oublie quelque chose ?

 

Ce matin là, donc, la dernière pièce manquante du triptyque BBB était l'objet de notre quête (et non pas quéquète). Manque de pot : seul JM, F. « Baisons » et P. « Merci » Derrien possèdent actuellement des cartes d'accès au plus que fameux « étang de Craon » (prononcez « Cran »), LE site à gags du Cher (je pourrais même rajouter sans trop m'avancer « de Région Centre »). A cran je l'étais moi aussi, anxieux comme à chaque fois que je vois m'éloigner mes fidèles alcooliques vers les contrées gagesques du polygone de tir. Je m'explique : cet étang est effet situé au sein de la zone militaire de Bourges. Tout un tas d'engins aussi sympathiques que chars et autres lances roquettes font donc l'objet de nombreux essais au sein d'une immense zone de friche d'environ 25 Km de long sur 7 de large, qui adopte la forme d'un…polygone vous l'aurez deviné. « Maismaismais, c'est donc un site naturel entièrement et involontairement protégé ?! » Ben oui et non, la présence de quelques agriculteurs céréalier (omniprésents dans un rayon de 30 Km autour de la cité berruyère), et de quelques centaines (milliers ?) de sangliers et chevreuils, lâchés par les associations cynégétique puis efficacement « gérés » chaque années (« oui il faut bien puisqu'ils pullulent »…Logique implacable !) rend les deux précédents qualificatifs partiellement faux. Il reste néanmoins indéniable que cette zone vaut largement son pesant de cacahouètes pour n'importe quel amoureux de nature, et éventuellement chercheur de gros gags, pour peu que celui-ci ou celui-là soit au préalable muni d'une carte d'accès…

 

Que de bons souvenirs naturalistes en compagnie de La Chtoukri me reviennent en mémoire ! Et quelle misère psychologique de ne pouvoir reconduire nos ébats cochistiques, faute d'accès légal pour votre serviteur ! Imaginez 5 minutes le drame : « Allo Alex, ça y est, on tiens enfin une Oie naine ! Tu veux que je vienne te chercher ? Ah oui, merde, c'est vrai, t'as pas de carte d'accès. ». L'horreur ultime. Rien que d'y penser, impossible d'avoir une érection, même en pensant très fort à cette chère Roselyne Bachelot-Narquin (comment ça y'a un biais dans le résultat ?). Laissant donc à mon grand dam les 3 salopards aller birder entre champs de mine et essais de tir du dernier obus ' XXX-DS-tr-U6.ON / D.A.N.U.S ', à rondelle en titane, je cherche refuge dans un de nos QG secret : le « Bar de la Halle St Bonnet », véritable ode aux piliers de comptoirs et autres amoureux du verre de Sancerre blanc de 11 h du mat' (bien souvent suivi de ses collègues de 11h10, 11h15, 11h25 et …). En attendant que le verdict tombe (« Vous avez rien vu ? Vous êtes nul les gars ! » ; « Comment ça un Bécasseau falcinelle ? Putain vous êtes trop forts les mecs ! »), je savourais donc la quintessence liquide issue des vignobles locaux, coincé entre Quincy, Reuilly, et autres Sancerre, et me tenant fermement au comptoir, dans la posture dite « de l'Homme pas saoul mais presque » (cf. Jacky Chandegouttière pour les connaisseurs). Pendant ce temps, mes chères petits soldats de la coche pataugeaient dans la boue jusqu'à plus soif, en maudissant l'absence visible de migrateurs zélés, ce jour-là visiblement peu intéressés par le substrat vaseux de la queue de l'étang. Quid du Chevalier stagnatile et de la Bécassine sourde ?

 

Après une matinée bien chargée, d'alcool pour mon estomac, de boue pour les bottes de mes amis, nous allions finalement chacun de notre côtés sustenter nos estomac distendus. Le repas berrichon, salvateur, reste un élément essentiel et apprécié de ces week-end familiaux, mais il constitue néanmoins un sérieux « frein » à l'activité ornithologique…Exemple :

- « Allo Jean-Mi ? Ouais il est 14 h là, je me disais que j'allais t'appeler justement, on a presque terminé la troisième entrée…Tu peux passer sans problème dans 1h30 et après on file à l'autre bout du département à 60 Km pour arriver avant la tombée de la nuit, faut qu'on fouille le site, y'en a pour au moins 3 h à fouiller c'est clair. »

- « … Ouais j'ai pas fini de manger non plus, disons vers 15h30. »                

- « Ok on file direct après manger ça marche. Bah, on se prendra quand même un café et une petite poire, faut être bien réveillés avant de partir ».

- « …OK super ! »

Il est donc facile de comprendre pourquoi il est difficile pour un « cherrien » de prospecter plusieurs sites, voir un seul, de manière efficace !

 

Il est à présent 16 h et nous sommes « déjà » sur site, la  lumière de fin d'après-midi est magnifique, l'endroit prometteur…Nous sommes à présent à l'étang de « la Chelouze » situé à quelques encablures de Saint-Amand Montrond –sisi c'est pas une blague : « Montrond , c'est point carré, Raymond ! »- ; je suis sûr qu'à présent vous comprenez parfaitement de quels lieux je parles ! Encore un spot « magique », comme le qualifierait J.P. « The Brute », au vue de réels moments de gloire ornithologique locale, comme d'horribles déconvenue, dues à un niveau d'eau assez aléatoire, ou plus personnellement à une situation géographique trop éloignée du site (pendant que sur celui-ci était observée un mâle de sarcelle à ailes bleues par l'impitoyable The Chtouk par ex…). Il est donc difficile pour moi de cacher une appréhension fébrile à l'instant où je pose mes pieds hors du véhicule motorisé et braque enfin mes jumelles sur ce sacro saint site. Mais point de canard à tache blanche devant et derrière aujourd'hui, plutôt des limicoles, en nombre et diversité non négligeable du point de vue départemental ! Une belle bande de guifette chasse également, permettant d'espérer une nouvelle Guifette leucoptère, en vain cependant. Je me dois d'être tout à fait honnête avec le lecteur cependant, et d'ajouter que notre venue sur ce site en particulier ne relève pas que d'une soif de prospection « innocente », mais également de la suspection préalable par le capitaine « La Chtoukri » d'un possible Chevalier stagnatile, espèce que ni moi ni le soldat Besson n'avions eu l'occasion d'observer sur la région. Malheureusement observé furtivement et dans de très mauvaises conditions matinale par notre capitaine, l'oiseau est à présent recherché activement par toute équipe, qui finit enfin par dénicher l'auteur de son trouble passager : un C. sylvain, à présent visible de près et en bonne lumière, est observé pendant de long instant silencieux …Triste spectacle que celui de notre JM bien aimé, dépité et versant même une larme sur cette fausse « pignole ». En effet, quoi de plus logique que d'annoncer un doute quant à l'observation dans des conditions difficile d'un oiseau non identifié, et méritant donc d'être revu, détaillé, de manière plus approfondie ? Las, notre pauvre JM, déçu et doutant, était inconsolable… « Qu'à cela ne tienne Michou ! » m'exclamais-je alors dans un élan d'optimisme, « Allons pacifier la zone et dénicher quelques gags dans partie non visible de l'étang, ça va fister ! Qui c'est qu'a trouvé une Sarcelle soucrourou sur ce spot, hein ? ». Instantanément anéanti mentalement par ma propre réflexion, j'ajoutais en mon fort intérieur : « Et qui c'est qui l'a pas vu, hein ? ».

 

Finalement rassérénés par l'observation d'une belle diversité de migrateurs printaniers, nous fonçons en direction de la ferme proche, où notre bienveillant et néanmoins calculateur Capitaine avait pris soin d'entrer en contact avec ses propriétaires, ces derniers possédant également la plupart des prairies bordant la plus grande partie de l'étang, jusqu'ici inaccessible à nos longues vues. Un très bon contact avec les dits proprios précéda celui plus rude avec la réalité avienne : peu, très peu d'oiseau, quelques canards à vrai dire, malgré une longue marche autour de la queue et de la roselière de la Chelouze… La démence et le manque d'oiseaux vinrent alors à bout de mon esprit, et je finis par courir à la recherche d'une hypothétique Bécassine double, dans une prairie humide pas vraiment humide et pas vraiment grande (en fait pas vraiment une prairie), et finalement peu favorable à la présence du moindre organisme à plume. Pendant ce temps, mes amis ayant compris l'inutilité de mon acharnement, en même temps que le délabrement de ma santé mentale, profitaient, assis dans le près et avec grande lucidité et contemplation, de la magnifique lumière de début de soirée, des silhouettes de fuligules disparaissant derrière les roseaux, du passage du Héron cendré en ombre chinoise…De mon côté, j'écumais, la bave au lèvre, et finalement entrepris de détailler les Anas présents, en me répétant continuellement : « un second miracle est toujours possible ! ». Il ne le fut pas cependant… Et après que mes compagnons m'aient forcé à avaler quelques Prozacs, nous décidâmes de rentrer tranquillement vers la voiture, la fin du Week-end, et l'attente impatiente des résultats électoraux.

 

Pour conclure en beauté ce week-end digne d'une épopée homérique, tel que l'a signalée précédemment la recrue Sallé, nous trouvons une Coronelle lisse au bord du chemin, espèce au statut malheureusement méconnue dans notre département délaissé par les naturalistes. En réalité morte depuis peu, nous essayons de nous convaincre de son état léthargique : « elle a pas respirée ? » risque l'un, « je suis sûr de l'avoir vu bouger ! » tente l'autre… J'essayes même un « Gaffe, des fois elles font la morte longtemps ! ». Pris dans mes mains, l'odeur pestilentielle et l'absence de contraction respiratoires confirment pourtant chez cette espèce (et beaucoup d'autres…) le caractère cadavérique de l'individu. Cette constatation morbide acheva de nous conforter sur notre sentiment d'alors : pignoler n'est pas cocher !

 

 

 



13/02/2008
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