Le Cher : l'autre pays du Dunnock

Day 1 : " Bière, Bière, Bière "

Alors que certains ont délaissé nos vertes contrées si accueillantes pour les oiseaux en cette période de "rush" migratoire, pour aller lâchement birder dans des zones méditerranéennes, d'autres irréductibles luttent, encore et contre tous, afin de montrer au monde que non, la Région Centre n'est pas qu'"une immense monoculture de Colza" (et pourtant, dieu sait qu'il y en a cette année, merci les "biocarburant"...)" et qui, je cite "pue, y'a jamais de piafs dans cette région de BIP* !". Paradoxalement, il me semble à présent que cette citation provient en fait de votre propre serviteur...Probablement qu'elle fut prononcée pendant une période d'égarement, car, il faut bien l'avouer, la Région Centre, et particulièrement ici, le département du Cher, se révèlent après coup être des "hotspots" de biodiversité !!!

Ainsi, ces deux derniers we, une prospection d'une ampleur sans précédent eu lieu sur les divers "points chauds" du Cher, ce qui ne fut pas une mince affaire, car des points chaud, il y en a un petit paquet chez les Berrichons ! Nous étions donc une foule d'ornithos (au moins 3, parfois 4 !) à braquer nos jumelles dans toutes les directions, afin de juguler le flots de migrateurs déboulant dans nos cieux "ébahis". Le premier spot, incontournable, fut, ce samedi 21 Avril, en cette funeste veille de préliminaires d'érections pestilentielles, le petit Bar de Sancoins, dont le nom ne m'est pas resté gravé dans la mémoire, et que nous appellerons donc avec gravité : "Chez Monique" -d'aucuns (et je ne citerais personne, pas même JM Chartendrault, non, non) rajouteraient : "deux qui la tiennent, trois qui la .....".

Ce sympathique petit bar donc, agréablement placé sur une petite place -qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler la célèbre place Plumereau, à Tours, sans les gens néanmoins, sans les nombreux bars, restaurants, petites maisons à colombages,...- présente l'intérêt Ô combien attrayant pour les personnes à jumelles que nous sommes, d'offrir une vue relativement dégagée sur le ciel (dégagé lui aussi ce jour là), tout en distillant une cervoise, qui, si elle n'est pas exceptionnelle, possède les qualités requises pour déssoiffer les gosiers les plus secs. Et nous l'avions, le gosier sec ! Un temps excessivement ensoleillé, légitimement accompagné d'une chaleur d'enfer, nous suivi toute la journée, mettant nos réputations de buveurs d'eau à rude épreuve (épreuve que, finalement, nous avons perdue...). Tout en nous désaltérant d'un demi bien mérité (nous birdions depuis 30 mins tout de même), nous observâmes un défilé conséquent de majestueuses Buses variables, visiblement en migration active, car arrivant toutes du Sud et pompant au dessus du thermique qui s'était formé au-dessus du village, entraînant avec lui moult corvidés.

(Petit aparté : les corvus sont appelés par chez nous des "Bec-droits", nom qui leur scié à merveille finalement, des "Couals" ou encore des "Couèrs", dénominatifs que nous utilisons en permanence, celui-ci ayant le dont de nous faire marrer à tous les coups. Décidément, les ornithos berrichons sont des boute-en-train !)

Des buses variables donc, qui, la bière aidant, auraient pu passer pour des Buses des steppes, si ne nous étions pas imposé la discipline draconienne d'un demi par arrêt au bar ; il faut savoir rester sérieux. Cependant, il faut bien avouer que quelques individus vus ce jour là possédaient un bord de fuite sur les primaires et secondaires plus que large et contrastant...si ce n'était leur silhouette, bien buteo. On peut donc souligner une fois encore l'importance de l'observation d'un faisceau de critères, et nom d'un seul considéré comme "très important", sinon discriminant, pour l'identification d'un certains nombre d'espèce réputée délicate. Nous foirâmes évidemment quelques occasions de nous illustrer ornithologiquement ce jour là, et la première fut celle d'un faucon à la silhouette et au vol inquiétants, en migration active lui aussi (hobereau ou kobez, l'histoire se répète...). Heureusement, la visions de quelques crécerelles ("émouchets", "fauchets", ou "faucherets" en patois local), Milans noirs et éperviers, au dessus de ce petit village typique et à présent devenu spot majeur de migration active dans le Cher (sinon dans le monde !), nous réchauffa le cœur...

Après ce début en fanfare, nous filâmes en direction d'un (je devrais dire "des") autre spot mythique : les rives de la Loire et de l'Allier, notamment au confluent des ces deux-là. Que de superbes visions nous enchantèrent alors ! La Sterne pierregarin et son superbe ballet aérien, le ragondin et son élégante silhouette, les beaufs en gogette et bob Ricard...Magnifique ! Point de Balbuzard à nous mettre sous les jumelles, mais une Guifette noire tout de même, identifiée au bout d'une demi-heure (le temps de l'apercevoir disparaissant derrière un méandre, de la rechercher et enfin de pouvoir l'admirer une deuxième fois pendant 2 secondes, splendide !). Les niveau des deux cours d'eau, parfais pour une fois, laissaient émergés des bancs de sable de grande superficie et de substrats plus qu'intéressant pour des limicoles tels que le Bécasseau de Temminck. Les "îlots magiques" de Julien Présent, le "David Coperfield ligérien", n'avaient qu'à bien se tenir ! Las ! Seuls quelques petits Gravelots et Chevaliers guignettes s'offraient à notre vue. Et, alors que le désespoir nous gagnait, "Il" était là, apparaissant tel un lointain migrateur égaré : grandes pattes, bec long et retroussé, plumage grisâtre...OUI ! C'est bien un CHEVALIER ABOYEUR qui reprenait quelques forces avant de reprendre sa route vers le grand Nord.

Une telle décharge émotionnel ne pût que nous appeler à aller nous calmer dans un débit de boisson proche. Heureusement, et au contraire des oiseaux, ce ne sont pas les bistrots qui manquent par chez nous. Après une bière salvatrice, et s'être remis de nos émotions, nous reprîmes la route, dans l'espoir que Dame Nature nous comblerais d'un autre de ses magnifique présent (et non pas Présent). L'observation de tous les bancs de sables ligériens du Sud-Est du département, ainsi que ceux du "Bec d'Allier", s'étant avérée infructueuse, nous persistâmes dans un autre registre : les prairies pâturées en bords d'Allier, dans l'attente d'une hypothétique pie-grièche ou d'un improbable Faucon kobez -mais l'espoir fait vivre, et viser très haut pour revoir ses objectifs à la baisse (ou à la baise, si l'on pratique le langage siblesque) fait parti du quotidien des dunnocks berrichons, comme vous pourrez vous en apercevoir plus loin. Et bien nous en pris, puisque même si aucun Tarier des près ne fut observé, malgré la présence de milieux plus que favorables, l'apparition totalement inattendue une CIGOGNE BLANCHE, pourtant si loin de ses quartiers alsaciens, nous interloqua totalement…Quelle pouvait bien être la cause d'une si inhabituelle présence ? Quel(s) présage(s) apportait-elle avec elle ? Pourquoi pas, dans un ordre de gravité croisant : Les prémices d'orages estivaux ? Un été caniculaire ? La fin du monde ? L'élection de N. Sarkozy comme président ? ? ? Malheureusement, l'absence de tout journaliste de la NR locale, grands météorologues et biologistes dans l'âme (pas trop dans le cerveau par contre), ne pût mettre un terme à ces questions essentielles, parfois angoissantes. Regonflés à bloc sous le choc d'une vision si extraordinaire (en fait, une 20aine de couples nichent dans le secteurs, mais le dire rendrait ce récit bien moins amusant. " Quoi ? Je l'ai dit ? Ah merde ".), nous birdîmes alors dans tous les sens, notre excitation à son comble, et dans des positions parfois quelques peu équivoques (voir ci-dessous)…

La pression (bien) retombée (je vois d'ici les sourires pervers…), nous décidâmes, pour remonter la pente, de nous en remettre à nouveau à l'une des plus merveilleuse invention de l'homme : la tireuse. Point de terme équivoque ici, puisque je pense bien sûr à celle utilisée par la patronne d'un petit bar non loin d'Apremont-Sur-Allier, où la visions de jeunes filles locales nous laissa de marbre. Après ingestion du demi salvateur, et le nécessaire debriefing intermédiaire, afin d'évaluer le niveau ornithologique de la journée (jusqu'alors assez élevé, afin pas loin de 20 espèces au compteur ! ! !), nous voulûmes néanmoins donner un dernier coup de boutoir afin d'achever les autres équipes en mission –nous nous aperçûmes plus tard que nous étions, bizarrement, seuls sur le terrain ce jour-là…Un passage obligé par l'étang de Javoulpif, non loin de Sancoins, s'imposa. Malheureusement, seule quelques Hérons pourprés, un couple de nette rousse et une Guifette leucoptère nuptiale étaient présents, gâchant quelque peu cette belle journée par leur présence anormale…Et mangeant le pain des oiseaux français, c'est honteux ! Finalement, l'élection de N. Sarkosy aura peut-être du bon ! Sans carte de séjours, de tels oiseaux ne sauraient rester chez nous ! Devant un tel écœurant ramassis de raretés " BMR ", nous passâmes notre chemin, car, comme le dit si bien notre maître à penser , C.D. pour ne pas le nommer, " on ne fait pas de l'ornitho " Star Academy " dans le Cher ! ! " -quels somptueux et réfléchis propos ! J'en pleure encore.

Nous roulâmes donc en direction de Bourges, dans le soleil couchant, tels des cow-boys solitaires, nos cœurs et esprits ivres de visions emplumées, à la fraîche, décontractés de l'oculaire, tout cela en faisant bien entendu très attention à ne pas scruter les cultures céréalières, dans l'éventualité de tomber sur un accidentel Busard pâle et de gâcher ainsi une si belle journée de printemps par la vision d'un vrai gag, indigne d'un polisseur de Rouge-gorge qui se respecte!

Lieutenant Liger

Que vont donc devenir nos amis après une soirée passée à écumer les bars du printemps de Bourges ? Vont-ils avoir la force d'aller observer les parades de l'étourneau le lendemain ? Auront-ils l'horrible déconvenue de découvrir un " oiseau rare " ? Verront-ils des oiseaux tout court ?

Vous le saurez au prochain épisode : " Pignoler n'est pas Cocher ".



30/04/2007
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